What i will do with that ? (3)
Lenny, qui était un fervent abonné des magazines de critiques littéraires, avait donc émit l'idée première d'écrire un livre. Pourtant, il était bien l'un des types les plus au courant de New York concernant l'édition, il savait combien c'était un monde plein de rapaces près à sucer les auteurs pour récolter un peu plus de ce liquide séminal qui formait le business de l'inspiration. Lenny disait souvent que trouver une muse, pour un écrivain, c'était la pire chose qui puisse lui arriver, parce que ça l'obligeait à utiliser dix mille litres d'encre (métaphorique, puisqu'aujourd'hui plus personne à New York et peut-être aux alentours n'utilisait autre chose qu'un MacBook pour écrire) pour satisfaire une nana qui de toute façon finirait par se barrer et donc le contraindre à finir en poète maudit, banal et aussi ringard qu'un de ces types de quatorze ou quinze ans qui écrit des vers minables sur son blog ; Lenny ajoutait alors en haussant les épaules que la muse en question n'était pas nécessairement une femme, qu'elle pouvait aussi être la mère de l'écrivain, ou sa cafetière, ou sa ville, mais quand il arrivait au mot ville généralement Lenny se taisait parce que cette ville était New York et qu'il n'était pas question de croire que New York laisserait un jour tomber qui que ce soit, même le plus raté des écrivains.