Centrifuge

Publié le par Nathan

Vomis le lait maternel. Grandis de travers. Ne mords pas sa queue trop fort. Evite les beignes.
Retourne-en sans t'arrêter. Prends des coups dans les dents, ferme les yeux avant l'impact, rosse les autres gamins. Marche sur les courroies électriques. Abandonne le mot famille, laisse tomber l'éducation primitive. Cesse de faire des manières. Contente-toi du bas de gamme. Refuse d'être fier de la misère dans laquelle tu es né. Arrache les affiches qui ornaient le plafond de ta chambre de gosse. Le football, la musique, quelques productions américaines. Brise la ligne de conduite, infiltre-toi du côté malsain. Choisis tes substances. Mens à ta mère. Signe ton contrat avec le néant.
Trouve des amis et Dieu dans ta tête. Limite-toi aux besoins. Avale trop de cachetons, renifle trop de lignes, ne souffle pas assez d'air. Laisse tomber la bouffe pour la picole. Echange ton oreiller contre la cuvette des chiottes. Etouffe-toi avec ton sang. Flingue l'enfant qui est en toi. Paraphrase Renton. Blesse la première moitié de tes proches et fais-toi renier par la seconde. Bois avec la bouche directement collée au robinet de la merde. Suce tes connaissances pour quelques biffetons. Applique-toi à sombrer.
Taxe tout l'alphabet de ton répertoire, un peu de hash pour ce soir, un valium pour redescendre, taxe et fous-toi des intérêts. L'amitié a moins de valeur que les dix bons grammes que tu peux chopper au coin de la rue. Transforme-toi en désaxé. Remplace ton hémoglobine par du synthétique. Suis le modèle littéraire. Achète de quoi faire rouiller ta tuyauterie. Refile généreusement ton infection avec un grand I. Baise la galaxie contre une dose, mais tire un trait sur le sexe en lui-même.
Discute avec les murs de ta prison. Oublie tes origines. Cogne dans le vide et hurle sur les monstres qui hantent tes rêves éveillés. Renonce définitivement au sommeil. Intoxique ton cerveau, empoisonne tes poumons. Nourris-toi de l'absence. Abandonne tout espoir. Trempe tes draps déchirés avec ta sueur. Lèche les résidus de bon sens et falsifie des ordonnances. Crève dans leurs yeux la gueule ouverte, et dis-leur merci avec un sourire sale. Crache sur tes illusions. Trucide ta propre image avec le seul couteau que t'as pas encore vendu. Perds le peu qui te restait. Chante sans connaître les paroles. Regarde tes cicatrices suinter. Collectionne les hématomes et les hémorragies. Ne compte plus sur les règles. Arrête de chialer. Deviens un être en parpaing. Détruis l'humanité. Moque-toi de leurs croyances. Fais partie des indésirables. Paume tes Xanax. Ecoute ton cœur s'affoler. Cède au manque. Arrache-toi la langue en riant. Sois prêt à vendre tes reins pour de la poudre. Ressens la douleur, tu gagneras pas des voix au Paradis. Regarde ton propre sang pourrir. Apprends à ne plus rien apprendre.
Laisse venir ta propre fin.
Ne calcule pas la surdose.
Et provoque toi-même
le jour de ta mort.

Publié dans Dyslexie western

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Z
C'est heu comment dire... bien écrit mais ultra pessimiste...
Répondre
N
<br /> <br /> Ah, ça !<br /> <br /> <br /> <br />